Présentation
Historique
L’église St-Hippolyte, du Grand-Saconnex, est sans doute la plus ancienne église du canton de Genève, avec la chapelle de Malval. C’est en tout cas le plus ancien édifice de la ville du Grand-Saconnex, situé au sommet d’une butte, il est chargé d’une mémoire de 15 siècles. Au cours de ces périodes mouvementées, l’église a connu plusieurs transformations dues aux diverses attaques, pillages fréquents ou aux incendies, elle a même subi une destruction partielle puis une reconstruction. Après la Réforme de 1536, l’église est devenue un temple protestant durant quelques décennies.
Le socle du chœur est la plus ancienne partie du sanctuaire puisque daté du Vème siècle. L’ensemble du bâtiment a été reconfiguré dans le style néo-gothique, à la manière Viollet-le-Duc, au XIXème siècle, avec l’ajout d’un clocher. Si le soubassement du chœur est du Vème siècle, les murs du chœur sont du XIIème, dans le style roman cistercien.
Les vitraux de l’église sont du XIXème et du XXème siècle. En entrant à droite, le martyre de St Etienne, à gauche en face, le baptême du Christ. La nef de l’église comporte 4 vitraux des années 1950, exécutés par le frère Éric de Saussure, issu d’une célèbre famille protestante genevoise et membre de la communauté de Taizé.
Le message de ces œuvres d’art est de mettre en lumière la continuité entre les deux testaments.
Les vitraux du mur sud sont consacrés à des personnages du premier Testament, on y trouve Moïse portant les Tables de la Loi, descendant du Sinaï, avec un agneau de la Pâque immolé à ses pieds. Puis le vitrail d’Isaïe, représente l’annonce du Messie, montant vers le Temple de Jérusalem, lors de sa vision des anges qui chantent le sanctus. Quant aux vitraux du mur nord, ils représentent des figures du nouveau Testament, soit St Pierre, guide de l’Église naissante et St Jean l’évangéliste inspiré pour rédiger l’Apocalypse. L’ensemble de ces vitraux est un résumé de l’histoire du salut, une compilation biblique ayant une valeur de témoignage œcuménique.
Le retable du mur nord, de style italien, montre une partie centrale datée des années 1300, représentant une Vierge à l’enfant entourée de St Antoine l’ermite, avec son bâton en forme de tav, et l’autre, non identifié, peut être Jacques le Mineur. Ce triptyque du Grand-Saconnex est unique en son genre à Genève, il a été offert à l’église à la fin de la guerre.
Le chœur central met en valeur l’autel, construit en grès d’Alsace, et représentant des figures symboliques sur ses quatre côtés. Évocation du Dieu trinité, de l’être humain au cœur de la création, de l’Agneau pascal de l’apocalypse et des pierres vivantes qui constituent l’Église.
Construite au XVème siècle, la chapelle des Saconay a conservé sa croisée d’ogives. La couleur originelle de la décoration est celle de la commune du Grand-Saconnex. Le vitrail représente l’arbre de Jessé et la mosaïque du mur évoque la Sainte Famille. Cette chapelle était la nécropole de la famille des seigneurs de Saconay, comme en attestent les dalles funéraires accolées au mur qui sont celles de Pierre, seigneur du lieu et Jean, chanoine de Lyon.
L’ancien chœur, de style cistercien roman, comporte des vitraux aux couleurs lumière et feu, œuvre du Frère de Saussure.
La chapelle sud, édifiée au XVIIème siècle, est dédiée à la Vierge. Le vitrail évoque la vie de St Joseph, le songe, le mariage, la nativité et la fuite en Egypte.
Le vitrail du narthex de l’église montre St Hippolyte en soldat romain avec des chevaux à l’arrière-plan, car le nom grec qu’il porte signifie « chevaux détachés ». Hippolyte est un soldat chargé personnellement de la surveillance de St Laurent, enfermé dans une prison de Rome. Impressionné par la foi de son prisonnier, Hippolyte se convertit au christianisme et se fait baptiser par le diacre Laurent avec 19 personnes de son entourage. Laurent est massacré au nom de la répression antichrétienne et Hippolyte enterre secrètement son corps dans la propriété d’une veuve en compagnie du prêtre Justin. Dénoncé, il est arrêté, puis conduit devant l’empereur Valérien. Celui-ci l’oblige à revêtir sa tenue militaire et lui promet promotion et honneurs s’il renonce à sa foi, mais Hippolyte reste fidèle au Christ. Flagellé et torturé, Hippolyte est attaché à des chevaux déliés qui le traînent sur un long trajet et il meurt en martyr en 258 après JC.
L’église St-Hippolyte, qui a traversé tant de péripéties, mérite une visite, son ambiance de profonde sérénité rappelle qu’elle est en elle-même un sanctuaire chargé de la mémoire des générations qui se sont succédé au Grand-Saconnex.
St-Hippolyte recèle des œuvres d’art invitant à la méditation sur le sens de la vie et sur le temps qui passe, comme un appel à vivre en regardant le côté lumineux de ce monde pour traduire son espérance dans les réalités quotidiennes. C’est aussi un lieu de rassemblement ouvert à tous.
Abbé Alain René Arbez
Chasuble JP II